Les inspecteurs de ces deux ministères semblent aussi efficaces que les détectives Dupond et Dupont dans les Aventures de Tintin, ces deux comparses qui se gargarisent de platitudes, mais dont la capacité de recherche est une caricature grotesque d’un travail de détection. En effet, selon les rapports produits par les inspecteurs du MERN, 191 puits gaziers inactifs sont considérés « conformes » même si ces inspecteurs ont été capables d’en localiser que 32. Si un inspecteur est incapable de localiser un puits gazier, comment peut-il le déclarer conforme ? Il ne l’a même pas vu ! Et s’il ne l’a pas localisé, il ne peut pas prendre des mesures avec des instruments pour en détecter des fuites d’hydrocarbures ! Même des caricatures de détectives comme les Dupond et Dupont n’oseraient pas produire ce genre de document ! Ces rapports burlesques correspondent-ils à la définition légale de « fabrication de faux » ?
Cette ineptie bureaucratique est dénoncée par le RVHQ. Depuis quelques années, de vaillants chasseurs de puits en ont découvert des centaines avec des moyens autrement plus limités que ceux du ministère. Au début, ces valeureux Indiana Jones avaient une entente avec le MERN. Est-ce que les résultats de ces chasseurs de puits ont dérangé les intérêts du lobby pétrolier ? Force est de constater que le ministère y a mis brusquement fin en janvier 2016. Pire encore, c’est un silence forcé :« ’Nous ne pouvons pas divulguer les résultats du rapport que nous avons présenté au MERN car nous sommes liés par une entente de confidentialité’, a expliqué André Bélisle, président de l’AQLPA. « Pourquoi cette omertà alors que le MERN publie des rapports « rose bonbon » à la place.
En terre maskoutaine, nous avons des puits gaziers depuis belle lurette. Le journal L’Union du 6 août 1890 faisait état de la « découverte fortuite de gaz naturel à Saint-Barnabé ». Et il y a bien d’autres puits. Le 23 novembre 2017, un inspecteur a « retrouvé » un puits à l’intersection du chemin de la grande ligne et du Rang de la Pointe-du-Jour, situé dans l’arrondissement Saint-Thomas-d’Aquin de la ville de Saint-Hyacinthe. Ce puits, catalogué A082, foré en 1916, est « considéré localisé et sans problématique ». Mais, est-ce que c’est vraiment LE vieux puits ? À défaut d’inspection visuelle (ce qui implique se salir les mains en utilisant une pelle !), un détecteur de métal va indiquer n’importe quelle pièce de métal enfouie, même une jante !
Ce qui est plus problématique, c’est qu’à Farnham, le puits #A271 foré par Canbriam en 2009 est « considéré introuvable » par l’inspecteur. Mais où est passé ce puits perdu de Farnham ? Vite, faites retentir le thème musical d’Indiana Jones pour aider ces Dupond et Dupont à retrouver ce puits perdu dans les dédales du MERN !
Dans la province, il y a quelque 950 puits qui ont été forés depuis 1860. La nécessité de les localiser de façon compétente et d’analyser les puits problématiques qui laissent s’échapper des hydrocarbures est une question de santé et de sécurité publique. Au niveau des fuites, le pire résultat observé par les chasseurs de puits est celui du puits #A216 dans la région de Leclercville. On estime qu’il laisserait fuir environ 40 m3 de gaz naturel par jour ; on peut même y allumer une petite torchère. Et ces « émissions fugaces » ne sont pas comptabilisées dans le bilan des gaz à effets de serre produits au Québec !
Le 2 mai , le ministre Moreau a lancé une énième « tentative » pour retrouver les puits abandonnés. Est-ce encore une initiative burlesque des « Dupond et Dupont » ? Comme se sont ces bureaucrates du MERN (ou leurs patrons ?) qui ont fait perdre 5 milliards de dollars au trésor québécois en bradant les « claims » à 0,10 $ l’hectare et qui produisent ces rapports d’inspection plus que fantaisistes, on peut se demander si Indiana Jones pourrait trouver des réponses intelligentes à toutes les questions que des citoyens sont en droit de poser à leurs gouvernants en période préélectorale.
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